95% des étudiantes et étudiants suédois interrogés lors d’une étude au printemps 2023 déclarent être familiers de ChatGPT et plus d’un tiers d’entre-eux l’utilisent régulièrement. Plus de la moitié sont inquiets des conséquences de cet outil sur leur éducation. Pourtant, à ce jour, ils ignorent quelle est la ligne de conduite préconisée par leur établissement dans l’usage de ChatGPT et autres outils IA voire estiment, pour un quart d’entre-eux, qu’elle est tout simplement inexistante.
Avec ce troisième et dernier volet d’exploration de ChatGPT de l’année universitaire 2023, nous avons recensé 4 stratégies à mettre en place pour accompagner les étudiantes et étudiants face à un outil nouveau mais qui soulève des problématiques classique d’intégrité, de recherche et d’analyse de l’information.
Établir le contrat pédagogique
Formel ou informel, le contrat pédagogique regroupe les règles et attendus de part et d’autre de la relation pédagogique : comportements, contenus des cours, modes de communication et méthodes de travail dont la façon de collecter et d’exploiter les ressources en ligne.
Dès le début d’année, les enseignantes et enseignants peuvent aborder le sujet dans leurs cours afin de reconnaitre et d’assigner une place à cet outil dans les productions étudiantes.
Ainsi, le recours à ChatGPT peut faire l’objet d’une clause du contrat pédagogique dès les premières séances : pour quel type d’activités peut-il être utilisé ? comment citer son usage ? quelles seront les conséquences d’un usage inapproprié ?
Les nombreuses fiches-conseils et ressources diffusées cette année par les établissements d’enseignement supérieur peuvent constituer une source d’inspiration pour établir une charte des bons usages vis-à-vis de chatGPT mais aussi de rappeler ceux en vigueur pour les autres outils et ressources comme les moteurs de recherches, Wikipédia, les outils de traduction assistés, etc.
Sensibiliser les étudiantes et étudiants
Une autre piste à envisager serait de sensibiliser les étudiantes et étudiants à un usage responsable des chatbot conversationnels comme ChatGPT. Les spécialistes de l’information comme les bibliothécaires pourraient être sollicités car l’une des dérives de ces outils est proche du plagiat. Le CIDJ a ainsi partagé des recommandations aux étudiantes et étudiants.
Au niveau institutionnel, des établissements d’enseignement supérieur ont d’ores et déjà pris position pour accompagner leurs étudiantes et étudiants, à l’Université de Neuchâtel ou à l’Université de Ottawa par exemple. Ce cadre informatif et méthodologique pourra faire écho aux règlements des études qui pourraient explicitement aborder la question des chatbots ou plus largement des IA.
S’inspirer des pratiques existantes
ChatGPT n’est pas le premier outil d’IA à bouleverser le monde de l’éducation : les traducteurs automatiques ont déjà et continuent d’interroger les métiers de la traduction depuis plusieurs années. Comment ces formations ont-elles fait face à ce défi technologique ?
Pour certaines, la réponse a été d’intégrer à leurs programmes la maitrise de ces outils de traduction assistée par ordinateur. C’est le cas à l’Université de Liège, au niveau Licence puis Master, ainsi qu’à l’Université Grenoble-Alpes au M2 LEA. Comme pour ChatGPT, l’usage des IA dans les domaines de spécialité ne devient réellement utile qu’à partir du moment où une personne experte est capable de formuler correctement les requêtes et de faire le tri dans les informations remontées.
Repenser l’évaluation
L’inquiétude la plus souvent exprimée est relative à l’usage de chatGPT lors d’évaluations sommatives, un problème loin de relever du fantasme et qui pourrait avoir tendance à se généraliser. À l’Université de Strasbourg, enseignantes et enseignants réfléchissent à un changement de pratiques pour contrer la fraude : « limiter les devoirs à la maison », favoriser « les devoirs sur tables ou les évaluations orales », « bannir les contrôles de connaissances et les dissertations descriptives au profit d’études de cas ou d’exercices visant à stimuler la réflexion et l’esprit critique »[source].
LA version en ligne pour l’instant gratuite de chatGPT ne permet pas de citer systématiquement des sources fiables et a tendance à « halluciner », inventer, des données. Les évaluations peuvent donc s’attacher à l’explicitation d’exemples réels et la citation de sources correctes.
10 stratégies pour éviter la fraude par ChatGPT
Le Carrefour d’innovation et de pédagogie universitaire de l’UQAM propose ci-dessous 10 stratégies qu’un enseignant ou une enseignante peut mettre en place, à court et à moyen terme, pour éviter les risques de fraude dans leurs évaluations.