Le QPES 2021 a été marqué par la table-ronde étudiante, qui a eu lieu le jeudi 20 janvier de 14h à 15h30, et qui a beaucoup plu à nos participant·es : « j’ai aimé savoir ce que les étudiants eux-mêmes pensaient de l’engagement », « le discours enthousiaste de ces étudiants m’a touché ».
Si les étudiant·es sont toujours au centre des discussions en pédagogie de l’enseignement supérieur, elles et ils n’ont pas souvent l’occasion de prendre la parole sans la médiation, certes bienveillante mais parfois intimidante, de leurs enseignant·es. C’est pourquoi il nous a semblé essentiel de co-construire cette table ronde avec les étudiantes et étudiants, de leur laisser toute la place, tous les fauteuils jusqu’à l’animation de ce moment. Léo-Onam, Vice-Président (VP) étudiant de La Rochelle Université, a assuré la modération de cette table-ronde. En parallèle, une interview de type micro-trottoir a permis d’entendre un public différent et de dépasser une représentation réduite de l’engagement à ses sens associatif et politique.
Les participant·es de la table-ronde
5 étudiant·es invité·es pour représenter la diversité des formes d’engagement étudiants ont répondu aux questions de Léo-Onam lors de la table-ronde :
- Clémence Riant, vice-trésorière du BDE du campus de Brest et trésorière de la fédération des associations étudiantes d’IMT Atlantique
- Kenza Derki, VP de l’Université de Limoges
- Ema Holgado, étudiante à l’université de Sherbrooke, en échange à Paris 1, assistante de recherche
- Maelle M’Bengue, étudiante en Master DPAN à La Rochelle Université
- Matthieu Buisson, tuteur à La Rochelle Université et délégué de sa promotion (Master LEA)
Le micro-trottoir
Plusieurs réunions entre la DPI et Maelle M’Bengue ont permis de formuler les questions à poser aux étudiant·es croisé·es par hasard sur le campus de La Rochelle Université, devant la LLASH, la MDE et la BU. Si leurs réponses reflètent l’impossibilité de ne retenir qu’une seule définition de l’engagement, la deuxième question, « vous considérez-vous comme un étudiant engagé ? », les renvoie malgré tout à l’engagement associatif ou politique. C’est peut-être pourquoi la dernière question, « considérez-vous votre investissement dans vos études comme une forme d’engagement ? », a particulièrement surpris l’un des étudiants interrogés…
Ce synopsis a attisé votre curiosité ? Ça tombe bien, vous pouvez (re)visionner la vidéo de ce micro-trottoir !
Un engagement collectif qui contribue au pouvoir d’agir ?
Comme l’a rappelé Léo-Onam en ouvrant la discussion, la notion d’engagement est visiblement plurielle. Il concède néanmoins que c’est l’engagement pour les autres, dans une association ou pour l’institution, qui est le plus souvent mentionné par les étudiant·es : c’est donc l’engagement collectif qui sera principalement abordé dans la table-ronde. Les participant·es ont donc été invité·es à partager leurs réflexions autour de 4 questions :
- Dans quelle mesure votre engagement vous a-t-il permis de développer des compétences ou des savoirs de manière générale ?
- Dans quelle mesure votre engagement a-t-il pu influer sur votre parcours d’étude ou sur votre façon de l’appréhender ?
- Comment rentre-t-on dans l’engagement ?
- Comment reste-t-on dans l’engagement ?
Les discussions ont permis de contribuer à la réflexion sur l’articulation entre l’engagement étudiant dans des actions collectives et le développement de leur pouvoir d’agir.
Ainsi, en tant que trésorière et coordinatrice de 9 bureaux (bureaux des arts, des élèves, des internationaux et du sport) sur les trois campus de l’école d’ingénieurs IMT Atlantique (fusion entre Télécom Bretagne et Mines Nantes), Clémence estime avoir développé différents types de compétences (techniques, relationnelles, gestion d’équipe). Kenza souligne quant à elle la possibilité de passer d’un engagement à un autre. En effet, quand elle est entrée dans son engagement associatif en tant que Présidente, elle ne se destinait pas à faire de la “représentation”, mais elle s’est pourtant dirigée vers la vice-présidence étudiante. Par ailleurs, les compétences et le réseau développés à travers l’engagement collectif sont pour elle des éléments favorisant l’accès au marché de l’emploi.
En outre, si l’engagement collectif peut être à l’origine d’une réorientation dans le parcours d’études, il peut également conduire à appréhender différemment sa formation. C’est le cas de Matthieu : son engagement pour autrui a contribué à redonner du sens à ses propres études en le conduisant à trouver un “chemin de carrière” : promouvoir l’éducation à l’international.
D’autre part, le témoignage d’Ema, étudiante québécoise, a permis d’interroger les différences culturelles entre la France et le Québec, en particulier sur la place qu’accorde l’institution aux étudiant·es et la façon dont elle se saisit de cette question de l’engagement. Lorsque Léo-Onam aborde l’engagement « contraint » au Québec, Ema répond qu’elle préfère parler d’engagement « obligatoire », car les possibilités pour réaliser cet engagement sont diverses et nombreuses. En revanche, l’engagement n’est pas obligatoire en France, où il est davantage question d’incitations, avec ou sans reconnaissance institutionnelle.
Ainsi, si cette table-ronde a permis de réaffirmer les bénéfices de l’engagement collectif, elle aura par ailleurs soulevé de nouvelles questions :
- Pour rebondir sur l’idée d’une dynamique capacitante avancée par Solveig Fernagu dans sa conférence, dans quelle mesure l’engagement collectif contribue-t-il à cette dynamique à travers les interactions entre soi, avec les autres/l’institution ?
- Si des ressources sont mises à disposition des étudiant·es pour qu’ils et elles s’engagent auprès des autres, comment faire en sorte qu’un plus grand nombre s’en saisisse et les mobilise dans une perspective de développement de leur pouvoir d’agir ?
- Une forme de « contrainte » à l’engagement collectif peut-elle ainsi participer d’une dynamique capacitante pour nos étudiants et étudiantes ?
Pour découvrir ou redécouvrir ces échanges, retrouvez l’enregistrement de cette table-ronde.